Lorsque Sa Majesté, ainsi qu'on était prié de l'appeler ( sauf ses proches bien entendu mais ils étaient loin d'être légion ... ) fit son entrée suivi du jeune prince, nulles acclamations et nulles fanfares ; la pièce était d'un luxe classique qui témoignait en réalité du désintérêt du monarque pour ces lieux, auxquels il avait dédaigné d'ajouter sa touche personnelle . Il était rare que les affaires d'état se traitent dans cette salle d'apparat qui semblait plutôt un musée à la gloire des temps mémorables, destiné aux yeux des ambassadeurs . Mais était-ce réellement pour parler des affaires de l'Etat que le prince avait été mandé en ces lieux ? Connaissant la nature fantasque de Schylocq, rien n'était moins sûr ...
''Je vous en prie mon jeune ami, prenez donc place,'' sourit-il finement en lui indiquant la place d'honneur près du trône imposant, où lui-même s'installa, plus infime d'apparence que jamais . Jamais il n'était plus redoutable que lorsqu'on oubliait de le prendre au sérieux . Il le savait fort bien et en jouait à plaisir comme d'un instrument de musique raffiné, même si en dépit de ses défaillances le prince était sans doute assez subtil pour saisir ses calculs .
''On m'a rapporté vous avoir vu hors du palais, à la caserne il me semble ... j'ai souhaité y mettre bon ordre et qu'ai-je trouvé à mon arrivée chez vous ? Dites-moi, quel était ce jeune homme qui m'a paru si bien installé dans vos quartiers ? Je ne me rappelle pas avoir autorisé son entrée en mes murs .''